La Pathologie de Dupuytren
La maladie de Dupuytren touche les tissus (aponévroses) qui enveloppent et protègent les muscles, les nerfs et les vaisseaux de la main. Ces aponévroses deviennent épaisses formant des nodules. Puis, ces tissus se rétractent entraînant la formation de brides.
Cette maladie touche préférentiellement les quatrièmes et cinquièmes doigts, mais peut atteindre toute la main. Elle est habituellement indolore.
Plus la maladie débute précocement, plus grave est l’atteinte ; en général elle apparaît autour de la cinquantaine chez l’homme, plus tardivement chez la femme.
La cause exacte de la maladie de Dupuytren est à ce jour inconnue. Cependant il existe un facteur génétique reconnu et cette maladie est souvent associée à l’épilepsie (à son traitement), au diabète, à l’hypertriglycéridémie et à la consommation d’alcool et de tabac.
En quoi consiste le traitement chirurgical ?
Il n’y a, actuellement, aucun traitement médical de la maladie.
Le seul traitement possible reste donc la section ou l’ablation chirurgicale des tissus atteints par cette maladie, mais il ne peut prévenir de l’extension de la maladie à d’autres doigts et la récidive sur les doigts opérés. Pour ces raisons, il est rare de devoir traiter les formes débutantes. Par contre il ne faut pas trop attendre car dans les formes sévères le traitement est plus difficile et plus risqué.
Le traitement est conseillé lorsque le patient ne peut plus poser sa main à plat sur une table en appuyant avec l’autre main.
Les traitements sont variés et leurs indications dépendent de la gravité de la maladie et du patient :
- La section simple des brides (aponévrotomie) avec une pointe de bistouri ou avec le biseau d’une aiguille. Elle a l’avantage de la simplicité et l’on peut utiliser rapidement la main. Le risque de cette intervention est que le chirurgien ne voit pas les vaisseaux, les nerfs ou les tendons qui peuvent donc être blessés. Elle est surtout indiquée lorsque la bride est superficielle, sous la peau et ne peut donc être proposée à tous les patients. Elle se fait sans anesthésie. Elle entraîne plus souvent que les autres techniques une récidive de la maladie.
- L’ablation des brides (aponévrectomie) : c’est un geste chirurgical qui peut être long. Habituellement seul le bras du patient est endormi et l’hospitalisation n’est pas systématique. Les incisions mettent environ trois semaines pour être bien cicatrisées et seront épaisses pendant plusieurs mois. Dans certains cas, le chirurgien peut laisser ouvert une partie de la cicatrice pour éviter des complications comme les hématomes ou la souffrance de la peau. La cicatrisation sera alors un peu plus longue.
- L’ablation des brides et de la peau avec greffe de peau ou un lambeau : c’est une technique plus ambitieuse et plus longue. Les récidives sont rares sous les greffes de peau, mais les séquelles esthétiques sont plus importantes. On réserve plutôt cette technique aux sujets qui ont des formes graves, ou qui ont eu une récidive après traitement chirurgical. La cicatrisation est plus longue à obtenir.
Les suites opératoires
Des pansements infirmiers sont nécessaires tous les deux jours pendant 15 jours ou parfois un peu plus.
L’arrêt de travail est d’au moins d’un mois, parfois plus long.
Une rééducation et le port d’une attelle (orthèse) pour étendre les doigts sont très souvent nécessaires.
Les principales complications possibles
Il existe des complications communes à toutes les interventions chirurgicales : échecs et mauvais résultats, infections, raideur articulaire, problèmes de cicatrisation…
Il existe aussi des complications plus spécifiques, qui sont liées à la fragilité de la peau (fragilisée par la maladie), et à la proximité des nerfs et les vaisseaux du site opératoire.
- Irritation nerveuse : ce qui entraîne des sensations de fourmillements dans les doigts qui peuvent parfois persister plusieurs mois (La section d’un nerf ou d’une artère est également possible)
- Déficit d'extension : Traitées tardivement, les articulations des doigts se sont enraidies et il est parfois impossible au chirurgien de pouvoir étendre le doigt.
- Problèmes de cicatrisation : la peau qui s'est rétractée avant l'opération peut parfois souffrir une fois que l'on remet les doigts en extension.
- Récidive : la maladie de Dupuytren à un fort risque de récidive, en particulier si le facteur de risque initial n'est pas maitrisé.
- Algodystrophie : elle se traduit par un enraidissement et des douleurs diffuses de la main, le plus souvent régressifs en quelques mois. Le traitement se fait par injections de Calcitonine puis une rééducation douce et prolongée.
Cette liste peut paraître inquiétante, mais les progrès des techniques et du matériel (microchirurgie avec lunettes grossissantes ou microscope) ont fait énormément baisser le taux de complications.